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grand monde autrichien, et porta le poids de son heureuse fortune avec une aisance incroyable. Il ne se donna pas une seule fois des airs de parvenu. Sans effort apparent, il se montra l’égal des plus grands seigneurs, et alla de pair avec les archiducs. Il dépensait l’argent aussi facilement qu’il le gagnait. Jamais une infortune ne le trouva la main vide. Mais quand un prince de la finance le priait de venir faire de la musique dans ses salons, il avait des exigences folles.

Sacré grand homme dans son pays, ce qui est rare, Sténio entreprit la conquête de l’Europe, et vint en France où, tour à tour, les grands virtuoses essayent leur talent sur cette pierre de touche unique qui s’appelle le public parisien. Fantasque et nerveux, prompt à l’engouement et au dédain, mais vibrant avec une sincérité