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lança vers la vieille fille, mais celle-ci, comme si elle eût tenu le glaive flamboyant de l’ange qui garde les portes du Paradis, étendit un bras menaçant, et, sans répondre, elle s’éloigna à grands pas.

La discorde régnant dans la maison en souveraine, il parut impossible de continuer la vie en commun, et M. Bernard déclara brièvement à sa femme et à sa fille que, dès le lendemain, ils iraient s’installer à l’usine. Il avait là un petit chalet, qu’il habitait avant son mariage, et qui leur servirait de refuge jusqu’à la fin de l’été. Après, on verrait à s’arranger.

Mme Bernard annonça à sa sœur que la séparation s’effectuerait le surlendemain. Tante se renferma dans un silence terrible pour qui la connaissait. Elle ne fit pas une objection à un départ qui devait lui déchirer l’âme. Elle pinça les lèvres, ses