Page:Ohnet – Noir et Rose, 1887.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne sut pas rester indifférent à celles qui étaient dirigées contre Aline. Ce mouton se fâcha, pour la première fois de sa vie. Il perdit toute mesure, et, la voix tremblante :

— J’en suis bien fâché, répliqua-t-il, mais vous ne savez pas ce que vous dites… Ma fille est un ange !… Pauvre petite ! elle souffre, elle se désespère, quand elle devrait être au comble de la joie… Vous troublez son existence à plaisir. Et pourquoi ? Pour des imaginations folles, indignes d’une femme sérieuse. Car, il faut bien le dire, à la fin, votre malheur est une mauvaise plaisanterie… qui a trop duré !…

À ces mots blasphémateurs, tante poussa un cri déchirant. Il lui sembla que Bernard venait de lui tordre le cœur. Déjà le brave homme, regrettant les paroles prononcées, eût voulu les rattraper. Il s’é-