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échappait à la vigilance de tante Ursule. Celle-ci passa des heures, à l’affût derrière sa persienne, surveillant le jardin. Mais le capitaine, rasant la muraille, était hors de vue, et le mystère amoureux des deux jeunes gens demeurait impénétrable.

Cependant Aline, en revenant du kiosque chinois où, se sentant épiée, elle ne restait jamais plus qu’un quart d’heure, se laissait quelquefois aller à fredonner. Ses yeux brillaient plus vifs, ses joues étaient plus roses. Elle avait en elle, pour le reste de la journée, un rayonnement de bonheur. Tante en fit la remarque. De là à observer le kiosque il n’y avait qu’un pas.

Un après-midi, ayant vu Aline se diriger vers son lieu de retraite accoutumé, elle s’en vint, à pas de loup, derrière la jeune fille. Au bas des marches du perron, elle s’arrêta et tendit l’oreille. Un léger