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ma vie par le spectacle de ton désespoir, si ce mariage se fait, de tes regrets, s’il ne se fait pas !… Sois sensée et conciliante !… Ne te bute pas à l’idée d’épouser ce soldat !… J’ajouterai deux cent mille francs à ta dot !… Mon enfant ! Vois ce qui m’est arrivé, à moi !… Profite de ma triste expérience !…

Et tante, bouleversée par ses souvenirs cruellement ravivés, se mit à crier :

— Oh ! mon pauvre Louis ! Dieu sait qu’il n’avait pas la vocation, et qu’il n’est pas parti de bon gré ! Et pourtant… Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! il y a vingt-deux ans que je le pleure !…

— Tu vois bien, tante, dit Aline avec douceur, quand on aime vraiment, qu’on ne change pas d’amour !

Tante se leva brusquement et n’ajouta plus un mot. Elle avait senti qu’elle n’ob-