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mère et la fille, tristes et contraints, attendaient. Ils regardèrent, avec surprise, tante s’installer tranquillement à sa place. Ils l’écoutèrent parler librement, sans efforts, avec gaieté même, n’en croyant pas leurs oreilles. La scène, dont le souvenir pesait si gravement sur eux, semblait, pour elle, n’avoir pas eu lieu.

Ils respirèrent, s’adressèrent des regards ravis. Au fond d’eux-mêmes, ils pensèrent :

— Tante a réfléchi. Tout va peut-être s’arranger.

Mais ils n’osèrent pas parler. Ils craignirent, instinctivement, qu’un mot prononcé malencontreusement ne perdît tout. Après le dîner, tante prit sa nièce par le bras, et, très amicalement :

— Viens faire un tour de jardin avec moi.

Aline frémit : elle comprit que rien n’était