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pouvait pousser la résistance jusqu’à ses dernières limites, jusqu’à ses extrêmes conséquences. Entre elle et l’armée, c’était une lutte engagée, depuis vingt ans, et dans laquelle tous les coups avaient porté au cœur. Et maintenant, cette armée, qui lui avait pris son fiancé, voulait lui prendre sa filleule, son Aline, son enfant adorée, pour la donner à un capitaine, qui la traînerait à sa suite, de garnison en garnison, jusqu’au jour où il la laisserait veuve, sans appui, sans espoir, torturée par le regret.

Elle savait, par expérience, de quelles angoisses est faite cette existence des femmes, qui ont des êtres aimés dans les batailles. Et elle n’en voulait pas pour Aline. L’enfant de son cœur, souffrir, comme elle avait souffert ! Jamais ! Elle ne savait pas, cette petite, elle s’entêtait par