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piano, d’Alard, sur Faust. Et, qu’ils fussent de bois ou de cuivre, à clefs, à anche ou à cordes, sur tous ces instruments, M. Perseran, avec une verve endiablée, accompagnait son élève. Il battait du pied la mesure, s’échauffant, la figure très rouge, la moustache hérissée, et, quand la pianiste s’égarait dans le dédale des doubles croches, il se laissait aller à lâcher un « crebleu » retentissant.

Tante, qui ne perdait rien de tous ces détails, s’inquiéta. Une pointe de soupçon perçait dans son esprit. Pourquoi ce musicien jurait-il ? M. Bernard, averti, voulut mettre cet oubli des convenances sur le compte de la fièvre concertante :

— C’est le démon de la musique qui agite ce brave Perseran, disait-il. Regardez-le, tante, quelle fougue ! On croirait qu’il dirige tout un orchestre, et qu’il