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rangs pressés, rayonnante de l’acier des baïonnettes et du cuivre des fourniments. C’étaient les chasseurs à pied, qui rentraient à Vincennes, triomphants, des fleurs dans les canons des fusils, le drapeau livrant au vent ses plis troués de balles, poudreux, noirci, superbe, surmonté de son aigle cravatée de rouge, avec la croix de la Légion d’honneur.

Toutes les fenêtres se garnirent de curieux applaudissant, une acclamation immense s’éleva, et la musique électrisée partit tout d’un coup, faisant passer dans la foule un grand frisson d’émotion joyeuse. Sous le ciel radieux, dans la tiédeur d’un beau jour, les petits troupiers marchaient avec la fierté de la victoire, souriants, heureux, semblant porter en eux toute la gloire de la patrie.

Tante poussa un cri, porta la main à ses