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de décavage, lui fourrer ses économies dans la poche, et revenait tout fier, un lendemain de gain, avec un joli cadeau qui mettait des larmes d’attendrissement dans les yeux de la trop sensible fille.

Il n’était nullement pressé de l’épouser, encore qu’il eût, à cause de la fortune du père, envisagé sérieusement cette perspective. Quand on lui parlait d’Ursule, entre garçons, en disant : « À quand la noce ? », il répondait avec désinvolture, faisant allusion à la maigreur de son amie : « Rien ne presse. Elle sera ma planche de salut ! » Et de rire. Il fut cependant amené à se déclarer plus tôt qu’il ne pensait.

Un soir, il se présenta chez son tuteur avec une figure tellement renversée qu’Ursule pressentit quelque catastrophe. Elle prit le jeune homme à part et l’interrogea. Il se défendait de dire le motif de son bou-