Page:Ohnet – Noir et Rose, 1887.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pieds, était assise au coin de la cheminée. C’était une vieille fille, vêtue d’une robe de veuve, ayant une tête chevaline, une taille plate, ossifiée par le célibat, et de longs bras, au bout desquels s’agitaient, sans trêve, des mains adroites à tous les ouvrages de femme.

Pour le moment, elle tricotait des camisoles de laine grise, destinées aux petits pauvres. Elle releva la tête, en entendant venir sa nièce, et son visage fut éclairé par deux grands yeux, dont le regard lumineux corrigeait la dureté de sourcils noirs et épais. Mme Bernard, petite femme potelée et fraîche, enfoncée dans un fauteuil, en face de sa sœur, semblait en proie à un abattement profond. Elle fit un geste suppliant, comme pour arrêter Aline, mais, la voyant résolue et impatiente, elle hocha la tête, soupira et garda le silence. Der-