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Aline agita la tête et, avec une malicieuse gaieté :

— Alors, quand nous nous marierons, peut-être serez-vous général ?

— M’en aimerez-vous moins ?

— Non ! mais je préférerais vous épouser capitaine !

Ils se sourirent, oublieux déjà des soucis de l’heure présente, sûrs de leur mutuelle affection, et forts de leur jeunesse épanouie.

Aline avait retiré sa main. Penchée sur le rebord de l’étroite fenêtre, elle restait silencieuse, un peu étourdie par le parfum des fleurs, et éprouvant une lassitude exquise de tout son être. Au fond de cette ruelle détournée et silencieuse, faite de hauts murs entourant des potagers, ils étaient comme dans un désert, et pouvaient se croire seuls au monde. Et, sans paroles,