Page:Ohnet – Noir et Rose, 1887.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.

D’abord, le soir du bal, il n’était pas en uniforme !… Et puis, vois-tu, il s’est emparé de moi, en une seconde !… Si tu savais ?… Ç’a été le coup de foudre !

Mais M. Bernard ne savait pas. Il avait aimé tranquillement sa femme, après le mariage beaucoup plus qu’avant, et le coup de foudre lui était totalement inconnu. Il regarda, avec stupeur, cette enfant de dix-huit ans, qui avait grandi dans le milieu le plus prude et le plus bourgeois, sans qu’on la menât au théâtre, sans qu’on lui laissât lire de romans, et qui, subitement, dévoilait un cœur passionné et une imagination ardente. Où avait-elle bien pu les prendre ? Était-ce donc Mme Bernard qui, dans les mystérieuses profondeurs de sa nature féminine, recélait ces ferments, et les avait transmis à son héritière ? Car pour lui…