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tant de boutons naissants que de fleurs épanouies.

Un ardent soleil d’été concentrait ses rayons entre les murs du jardin, mûrissant les grappes de raisin toutes jaunes de soufre, et faisant éclater la peau violacée des brugnons. L’air vibrait embrasé, dans le ciel les hirondelles volaient haut, en se poursuivant avec des cris aigus, et la jeune fille, pénétrée par la chaleur alanguissante, les joues moites, le regard lassé par l’éclat du jour, restait immobile, mordillant, du bout de ses dents blanches, la corolle sanglante d’une « général Jacqueminot ».

Le cœur troublé, l’esprit flottant, elle écoutait, dans le silence vivant du jardin. Mais, voilée de ses stores de coutil, la maison demeurait calme, comme endormie, et rien de ce que ses hôtes pouvaient