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distincte. Le matelot ramait de toutes ses forces, écoutant d’une oreille distraite. De la terre, on voyait la barque semblable à une petite tache noire. Les yeux fixés sur le point où le navire allait se perdre dans l’espace, Sténio jouait toujours. Soudain, la fumée, ombre légère, se fondit, et tout s’effaça.

Le son du violon se brisa, lugubre comme un sanglot, et, dans le silence lourd, le bruit des avirons frappant l’eau en cadence, se fit seul entendre.

Étonné, le pêcheur tourna la tête. L’avant de la barque était vide, et, sur les flots, rien ne paraissait plus. L’homme épouvanté poussa un long cri d’appel. Aucune voix ne lui répondit. Alors, lentement, il retourna vers le port.

On ne retrouva jamais le corps de Sténio. Sans doute, quelque courant favo-