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Nu-tête, sous le soleil, ayant l’immensité autour de lui, comme s’il eût pensé que la morte pouvait encore l’entendre, il se mit à jouer. L’atmosphère était si calme que, du rivage, on l’entendait distinctement. Et, pur comme une prière, le Chant du cygne courut sur les flots et monta vers le ciel.

Jamais les adieux à la terre n’avaient résonné avec une expression aussi poignante. Ce n’était plus le violon qui pleurait, c’était le cœur même de Sténio. Sa douleur, son désespoir, les sanglots qui se brisaient en lui, retentissaient en notes déchirantes. Et les alcyons tournaient en cercles éperdus autour de ce désolé, qui chantait plaintif sur la mer bleue, comme eux au milieu de la tempête.

Le yacht forçait sa marche, maintenant, et déjà, au lointain, sa fumée seule restait