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souffle, comme un naufragé, lui saisit le bras.

— Maud ! mon Dieu ! dit la jeune fille, comme tu es pâle ! Tu souffres ?

— Non ! mais je sens que je vais vous quitter… À l’instant j’ai vu, là, mon cher petit qui me faisait signe de venir… C’est l’heure ! Sténio lui-même le devine : écoute ce qu’il joue !…

C’était le Chant du cygne, avec ses harmonies désolées, ses glas funèbres et le roulement des pas de la marche funèbre sur les dalles sonores. Et, au milieu de son angoisse suprême, Maud, soulevée encore par le génie de celui qu’elle aimait, prêtait ardemment l’oreille à ces accents terribles qui lui annonçaient ses funérailles. Elle ne vivait plus que pour écouter. Et, pour elle, l’admiration suspendait la mort.