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d’un lilas en fleurs qui penchait vers eux ses branches. Daisy était arrivée en courant, et, cette fois-là, l’aveu était resté sans réponse.

Oh ! les délicieux moments d’intimité quand Sténio jouait, pour lord Mellivan, seul, dans le petit salon, et qu’elle l’accompagnait au piano ! Comme elle était entraînée par le rythme de sa musique ! Elle s’imaginait être emportée en croupe, par lui, sur un cheval fougueux courant à perdre haleine.

Ensuite c’était le vieux manoir irlandais avec ses bois séculaires. Sténio paraissait, et elle ne pouvait se défendre de le suivre. Quelles douloureuses et exquises années : pleines d’amour, de remords, d’humilité et d’orgueil ! Comme elle eût volontiers sacrifié ses joies de jeune femme adorée, enviée, fêtée, pour un seul mot de pardon