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loureuse s’était apaisée, et un calme exquis avait enveloppé la jeune femme, comme si, baignée par ces ondes mélodieuses, elle s’y fût reposée et rafraîchie. Elle avait pu jouir alors de ce prodigieux talent qui, dépensé devant mille spectateurs, n’était déployé, en réalité, que pour elle.

Comme dans un mirage, les trois années, qui venaient de s’écouler, reparurent devant ses yeux, évoquées par Sténio. Chacun des airs qu’il jouait marquait, pour elle, un instant de sa vie.

Elle se retrouva dans le salon de la Reine, quand elle l’avait vu pour la première fois.

Puis, dans le jardin du vieil hôtel de Grosvenor Square, où, pendant les douces soirées de printemps, Sténio se promenait auprès d’elle. C’était là que, pour la première fois, il avait osé lui avouer son amour. Elle croyait sentir encore l’odeur