cordes de son violon merveilleux, le ravissement de ses auditeurs n’avait fait que croître. Les murmures d’admiration de l’assemblée passaient comme des frissons voluptueux, et chaque morceau se terminait par des cris de délire.
Jamais Sténio ne s’était livré avec une telle passion, avec une ardeur si fiévreuse. Une force surhumaine l’entraînait : il semblait possédé. Et, oubliant les choses et les êtres, il suivait le démon musical qui l’emportait dans un tourbillon vertigineux. Son visage était à la fois superbe et terrible. Un air d’égarement sublime obscurcissait ses yeux. Il ne voyait plus, il n’entendait plus, il jouait, riant avec exaltation quand il exprimait dans son chant l’allégresse et le plaisir, ou pleurant de vraies larmes quand il traduisait la douleur et le désespoir.