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d’une de ces vies très ardues si communes parmi les hardis pionniers à qui le Canada doit tant et que je tiendrai toujours en la plus haute estime. C’est à ces braves caractères que le pays doit sa grandeur, qu’il doit que nous en sommes fiers, que nous vivons et mourrions, au besoin, pour lui. À cette crise de sa vie, et nous ne faisons pas de vaine supposition, si M. Smith n’avait écouté que la voix de l’orgueil et du bien-être, pour avoir été rebuté si durement lors de son voyage à Montréal, l’une des grandes voies de l’Atlantique au Pacifique n’aurait été ouverte, les annales de notre pays ne contiendraient pas cette page glorieuse, et le Canada n’aurait pas atteint cette place enviable qu’il occupe parmi les autres nations du globe.

L’épisode qui vient après, dans la carrière de M. Smith, est presque une question d’histoire, et il nous met en face de la rébellion de la rivière Rouge, en 1869, dans laquelle il se trouva jouer un rôle éminent.

On se rappelle que les principaux membres des gouvernements du Canada, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick avaient tenu conseil dans le but de préparer la confédération de toutes les provinces. Le résultat de cette conférence fut, le 1er juillet, 1867, la proclamation par le gouvernement impérial de la confédération de ces quatre provinces, sous le nom de Dominion du Canada.

L’on désirait aussi annexer les autres provinces au Dominion, et l’on entama les négociations préliminaires pour y faire entrer les Territoires du Nord-Ouest. Pour arriver à ce résultat, il fallait obtenir le consentement de la compagnie de la Baie d’Hudson.

Les principaux habitants du district de la rivière Rouge étaient alors des descendants des premiers pionniers français qui, possédés d’esprit d’aventure et du goût des voyages, s’étaient enfoncés jusque dans les prairies du Nord-Ouest et s’y étaient établis. Avec le temps, ils s’étaient développés et avaient fini par former un petit peuple qui tirait sa subsistance en partie de la chasse, en partie de l’agriculture ; ils avaient gardé la plupart des habitudes et des coutumes de leurs compatriotes de la province de Québec.

Ils s’étaient aussi mariés avec des métis indiennes et, à cette époque, la population comprenait environ cinq mille Français, et le même nombre de métis anglais et écossais, avec quelques Canadiens et Américains.

Le gouvernement canadien envoya en Angleterre sir Georges Car-