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» Je me laisse entraîner, et, au sortir de rues mal éclairées que je traverse, je tombe brusquement dans un jardin couvert, immense, éclairé de mille feux de couleurs. C’est énorme, c’est beau, quelle foule ! que de jolies femmes !

» J’arrive difficilement au centre. C’est plein, serré, on se bouscule. Sur une estrade, cent musiciens attendent, l’œil fixé sur le bâton du maître. Il est là, lui ; il semble qu’il soit un peu nerveux sous cette multitude d’yeux curieux qui le fixent, l’enveloppent de toutes parts. — C’est une polka.

» Il l’a composée à bord et exprès pour les Américains. Ils le savent et sont contents. Le rhythme en est tantôt lent, tantôt rapide, mêlé de chants et de rires ; c’est brillant, entraînant et je surprends ces gens si froids d’ordinaire, si préoccupés, qui s’amusent avec ennui presque toujours, je les vois rire vraiment de bon cœur. Musiciens et public sont remués, il y a de l’en-