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On a beau vouloir être discret, on se préoccupe toujours un peu de savoir quels voisins le sort vous a départis. Pour faire pendant à mon ménage du côté droit, j’avais une charmante miss du côté gauche. Elle s’était retirée dans sa chambrette aussitôt que la transformation du salon en dortoir avait été terminée, et depuis, je dois le reconnaître à sa gloire, elle ne s’était révélée que par des mouvements extrêmement discrets. Puis, notre cloison commune avait cessé de s’agiter, et le bruit d’un lit pliant sous le poids d’un corps très-léger m’avait appris qu’elle s’était enfin étendue.

Il se passa ainsi quelques instants. Je m’étais étendu aussi sur ma couchette, mais, peu habitué à ce genre d’hôtel roulant, et tenu en éveil par la vieille habitude parisienne de ne s’endormir que fort tard, je rêvais les yeux éveillés à l’étrangeté et au pittoresque de ce dortoir américain.