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Le premier soir de mon arrivée, je dînai à l’hôtel de la cinquième avenue, dans mon appartement, en compagnie de quelques amis. On venait de servir le potage, lorsque j’entendis tout à coup une espèce de sifflotement. Étonné, je regarde autour de moi, me demandant qui pouvait se permettre de siffler en mangeant. Bien entendu, ce n’était aucun de mes convives : c’était le garçon.

Ma première pensée fut de le faire taire en le mettant à la porte. Je me levais déjà, quand mes amis, qui avaient remarqué le même phénomène, me firent signe de ne rien dire. Nous continuâmes de dîner. Quant au musicien, timide d’abord, il s’enhardit peu à peu. Il risqua bientôt des petites roulades et peu à peu aborda les plus grands airs. Tantôt, pris d’une soudaine tristesse, il se complaisait dans les motifs sombres. Puis tout à coup, sans qu’on pût en deviner la raison, les mélodies les