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ſédais l’art de la teinture. Il n’y a preſque plus de peintures ; mais en récompenſe que d’adroits Teinturiers ! Il ſerait, bien téméraire à moi de dévoiler leur manège, ſi ce n’était pas une vérité ſi reconnue ; mais je prétends à l’originalité ; oui, ſans doute ; & l’on ne peut me la diſputer, puiſque c’eſt à mon ignorance que je la dois. Je me plais à m’en vanter hautement ; & vous, Meſſieurs les grands imitateurs, dont le ſtyle glacé refroidit le cœur ſans réchauffer l’eſprit, laiſſez-moi cette chère ignorance qui fait mon ſeul mérite, & qui doit me promettre beaucoup d’indulgence pour les fautes dont fourmillent mes productions, & d’eſtime pour les beautés qui s’y rencontrent quelquefois ; & ne me diſputez point la propriété de mes écrits. Nous avons des hommes de goût, des grands connaiſſeurs, des critiques ſévères & juſtes à qui je laiſſe la liberté de dire, ſi le ſceau du génie naturel n’eſt pas imprimé dans la nouveauté de mes ſujets & dans la ſimplicite de mon dialogue, qui ſe trouve cependant de loin en loin écrit avec pureté & nobleſſe. Ce mélange ne régnerait pas ſans doute, ſi un ſavant, un puriſte faiſait mes Pièces pour moi. Cette injuſtice m’indigne, & je dois convaincre le public de ce que je ſuis, & de ce que je puis faire. Il faut pour cela défier un homme de lettres. Je frémis du choix ; mais plus il eſt terrible, & plus il flatte mon ambition. Cet homme, puiſque je dois le nommer eſt M. C. de B—, & l’on verra bientôt, comme on le ſait déja, que ce n’eſt point une querelle d’allemand que je lui fais ; mais que j’ai des raiſons pour lui donner la préférence. Il nous dit ingènuement dans ſa