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ques évènemens de nos jours cauſés par de ſemblables erreurs.

Les meilleurs Comédiens ſont ceux de la Société. Depuis que j’ai reconnu que j’étais née avec des diſpoſitions pour le genre dramatique, j’ai toujours eu envie de traiter ce ſujet. Sans doute, j’ai mal pris mon temps, & je choiſis, peut-être, un mauvais moment pour la faire imprimer ; mais j’ai déja annoncé dans mes faibles productions, quel était mon caractère. Je ſais que ſouvent j’ai fait de grandes étourderies ; mais elles me plaiſent ; & je mets quelquefois autant de recherche pour les commettre à mon déſavantage, que d’autres mettent de précaution à éviter même un mot équivoque.

Heureux tems de Molière, où les mœurs, étaient plus épurées, ou du moins l’extérieur mieux obſervé ! On ſe permettait ſur la ſcène ce qu’on ne ſe permettrait pas de nos jours, & moi ignorante, j’oſe fronder cet abſurde préjugé ; mais je ſuis l’élève de la nature ; je l’ai dit, je le repète, je ne dois rien aux connoiſſances des hommes : je ſuis mon ouvrage, & lorſque je compoſe il n’y a ſur la table que de l’encre, du papier & des plumes. Très-ſouvent j’ai de mauvais ſecrétaires qui multiplient les fautes au lieu de les corriger. Voila les reſſources utiles qui décorent mes productions. Je ſais qu’il me ſerait facile de me procurer des ouvrages en tout genre ; que je pourrais, à loiſir, faire un réſumé de toutes ces bonnes lectures ; ne pas compoſer avec mon imagination, mais avec les idées d’autrui ; faire à chaque page des oreilles, enſuite arranger à mon profit tout ce beau Salmigondis, ſi je poſ-