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nom d’amour ; quelle que fût enfin la pensée qui agitât Redmond, les traits mobiles de sa physionomie l’exprimaient avec un charme toujours nouveau.

VI.

Redmond était bien connu de Risingham ; celui-ci s’etonna de voir que la troupe qui menaçait de venger la mort de Mortham fût conduite par un ennemi de Mortham lui-même ; car jamais son âme n’avait éprouvé cette noble douleur qui fait verser des larmes sur la destinée d’un rival généreux ; il connaissait encore moins ce sentiment de justice qui nous arme en faveur d’un ennemi indignement outragé. Mais ce n’était guère le moment pour lui de se livrer à toutes ces réflexions ; quelle que soit la cause qui a fait de Redmond le vengeur de Mortham, deux fois Redmond s’approche tellement de Bertram, que celui-ci, blotti dans le feuillage comme une bête fauve qui fuit le chasseur, se prépare deux fois à fondre sur lui et à lui enfoncer son épée dans le cœur. Les branches que font mouvoir ses pas glissent avec un sourd frémissement sur le front du brigand ; mais Redmond se jetant tout-à-coup dans un autre sentier, les branches fléchies se redressèrent d’elles-mêmes, et Bertram jugea prudent de s’enfoncer plus avant encore dans l’épaisseur du taillis : tel, lorsque les chasseurs battent les broussailles, un serpent roulé sur lui-même les épie d’un œil étincelant, préparé, si un pied. imprudent le touche, à lancer son triple dard et à faire une blessure envenimée ; mais si les chasseurs se détournent, le reptile déroule ses longs anneaux, et, rampant dans les sables de la savane, va se réfugier dans un asile plus éloigné.

VII.

Mais, en entendant derrière lui les bruyantes clameurs de ceux qui le cherchaient, et les menaces de Redmond, que le vent emportait dans les airs, le farouche Bertram disait en lui-même : Redmond O’Neale ! si nous pouvions

CITANT TROISIÈM