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CHANT SECOND. 85

espérance et une crainte coupables. Une froide pâleur couvrit son front, et ses lèvres tremblantes prononcèrent ces paroles :

XXIV.

— Bertram assassin !… Philippe de Mortham a succombé pendant le feu de l’action… Ou Bertram, ou toi, vous rêvez, mon fils ! Mais eût-il dit vrai, il serait inutile de le poursuivre… Qu’il fuie… La justice dort pendant les guerres civiles.

Un jeune guerrier était à côté de Wycliffe ; c’était le page du vaillant Rokeby, éprouvé déjà dans plus d’un combat. Venu ce matin même au fort de Barnard pour porter un message important, il accompagnait Wycliffe afin d’obtenir de lui ce que désirait son seigneur. Son noir coursier dont la crinière flottante est couverte de taches d’une blanche écume, ne se révolte pas avec plus de fierté contre le frein qui l’outrage, que le jeune Redmond contre la froide réponse d’Oswald : il se mord les lèvres, invoque le saint qui le protège (car il était de l’antique religion romaine), et, ne pouvant plus étouffer son indignation, il s’écrie :

XXV.

— Oui, j’ai vu tomber ce chef valeureux ; c’est la balle de ce traître qui l’a privé de la vie au moment même où j’allais, en jeune présomptueux, mesurer mon épée avec celle de Mortham. Laisserons-nous échapper l’assassin d’un capitaine aussi brave que généreux ? Non, non !… je le jure ! avant que le soleil ait séché la rosée du gazon, sur laquelle est empreinte la trace de ses pas, le perfide Risingham sera notre prisonnier ou tombera sous nos coups… Sonnez la cloche du beffroi, que ce son rassemble les vassaux ; pour vous, mes amis, pressez vos coursiers, dispersez-vous, et entourez le bois de toutes parts ; mais, s’il en est un parmi vous qui honore la mémoire de Mortham, qu’il mette pied à terre et me suive ! Si vous êtes sourds à mon appel, que la terreur et la honte dés-