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CHANT PREMIER. 5

sa paix avec les prélats et les prêtres, et, baissant humblement la tête devant eux, il écouta leurs conseils avec patience. L’évêque de Saint-Cuthbert était un saint personnage qui ne donnait que de sages avis.

V.

— Vous avez égorgé et pillé, lui disait-il il est temps d’effacer les souillures de votre âme. Vous avez immolé des prêtres et brûlé des églises ; il est temps de penser au repentir. Vous avez adoré les démons ; il est temps de quitter les ténèbres pour la lumière. Puisque quelques années de vie vous sont accordées encore, tournez votre espoir vers le ciel.

Le vieux païen leva la tête, et répondit au prélat en le regardant fixement : — Donne-moi les domaines situés sur les rives de la Tyne et du Wear, et je quitterai ma croyance pour la tienne.

VI.

L’évêque lui accorda tout ce qu’il demandait, à condition qu’il en ferait hommage à l’Église. Le comte Witikind y consentit, plus joyeux d’acquérir de nouvelles terres que de changer de religion. L’antique église de Durham fut préparée pour le recevoir ; le clergé s’assembla avec solennité ; le comte arriva couvert d’une peau d’ours, et appuyé sur le bras de sa concubine Hilda. Fléchissant le genou devant la châsse de saint Cuthbert, il assista patiemment à des cérémonies inconnues, abjura ses idoles, et reçut sur la tête l’onde mystique de la grâce. Mais le regard de ce prosélyte en cheveux blancs avait quelque chose de si féroce, que le prêtre qui le baptisa pâlit, et ne put s’empêcher de frémir. Les vieux moines marmottèrent sous leurs capuchons : — « Une souche si sauvage pourra-t-elle jamais produire un heureux rejeton ? »

VII.

Quand la- cérémonie fut terminée, Witikind se rendit à son château, sur les bords de la Tyne. Le prélat l’y