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CHANT SECOND. 83

formé par les hasards, Wilfrid n’aimait point les exploits guerriers, et fuyait les travaux et les périls ; mais l’enfant des Muses nourrissait la flamme secrète d’une généreuse ardeur. L’injustice, la fraude et le crime révoltaient son âme. La nature ne lui avait point donné les forces nécessaires pour soutenir, sans émotion, les fatigues, la douleur et les dangers ; mais, quand une sainte cause l’enflammait, il se montrait au-dessus de lui-même. Dans un transport héroïque, il porte sur Bertram une main désespérée, se fixe à la terre, et tire son glaive du fourreau. — Misérable, s’écrie-t-il, quand tous les démons auxquels tu as vendu ton âme viendraient à. ton secours je ne lâcherai point prise… Accourez à moi, vassaux de Mortham, venez saisir le meurtrier de votre maître.

XXI.

Bertram, étonné un moment, reste immobile, comme si une force inconnue avait dompté son audace. Il lui semble étrange qu’un jeune homme, si faible et si timide, ose porter la main sur le terrible Risingham. Mais, lorsqu’il se sentit frappé par cette main téméraire, le brigand revint à lui-même : arracher l’épée de Wilfrid, et le précipiter sur le sable, ce fut pour lui l’affaire d’un moment… Un moment encore, et cette épée tournée contre le fils d’Oswald allait lui donner la mort ; mais lorsque Bertram était sur le point de l’enfoncer dans le sein de sa victime, et de mettre un terme à sa vie et à ses malheureuses amours, un guerrier se montre tout-à-coup ; il interpose son épée nue, pare le coup fatal, et s’avance entre Wilfrid et son féroce ennemi. Son épée est remise dans le fourreau ; mais le geste sévère de sa main, et sa voix imposante, interrompent ce combat inégal, et ordonnent à Bertram de s’éloigner. — Va, et pense à te repentir, dit -il, pendant qu’il en est temps encore… N’ajoute pas un crime de plus à tous tes forfaits.

XXII.

Muet dans son doute et sa surprise, Bertram croit voir