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80 ROKEBY.

haut ses pas ? Quel mortel serait assez hardi pour essayer de franchir cet aride rocher qui lève jusqu’aux nues sa crête irrégulière ? Ici le lierre n’offre plus à Bertram ses rameaux flexibles ; aucune saillie propice ne peut être saisie par ses mains ; le seul appui où repose son pied, c’est une pierre ébranlée qui tient à peine au sol. Chancelant sur un soutien si dangereux, il étend la main pour atteindre le faite de la roche. A peine, a-t-il risqué cet effort, que la pierre infidèle se détache, glisse sous le poids de son corps vacillant, et roule avec fracas sur les sentiers et les broussailles. L’écho du ravin porte au loin le bruit de sa chute, semblable aux roulemens de la foudre. Mais Bertram n’est-il pas,entraîné ? Non. Sur le point de perdre la vie, ses bras nerveux n’ont pas trahi son attente ; il est resté immobile sur le sommet du rocher.

XVI.

Wilfrid a suivi des sentiers plus sûrs ; il rencontre, par intervalles, l’impression non effacée des pas des chasseurs, qui lui facilitent l’accès de la montagne. Il arrive ainsi, par de longs détours, au lieu où Risingham était parvenu avec tant de risques ; déjà l’intrépide soldat n’y était plus. Wilfrid continue sa route ; et, au sortir du bois, il se trouve devant le château de Mortham. Un paysage ravissant charme sa vue. Le soleil dorait de ses rayons les créneaux des tours et la pierre usée du portail. Le fils d’Oswald admire, du haut de la colline, la Greta, qui, fuyant les sombres lieux qu’elle vient de parcourir, va se réunir à la Tees. La pente douce qui conduit au vallon favorise le cours de ses ondes, que l’aube matinale colore d’une teinte de pourpre. Elle semble rougir comme une jeune fille qui, élevée dans la retraite d’un cloître, se rend au lit nuptial : Les chants joyeux de la linotte, du merle et de l’alouette, célébrent l’union des deux rivières.

XVII.

Mais vainement les chantres aériens répétaient leurs plus doux concerts ; vainement une belle aurore promet-

CHANT SECO