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74 ROKEBY.

ménestrels. Puissent long-temps encore tes annales offrir à ma Muse ce charme inspirateur qui rayonne pour le génie dans les yeux de la beauté ?

IV.

Bertram se souciait fort peu d’attendre le brillant spectacle dont on jouit au lever du soleil, du haut des créneaux de Barnard ; il partit avec Wilfrid avant le jour, lorsque le crépuscule et les pâles rayons de la lune étaient encore confondus dans la vallée silencieuse. Ils passèrent sur le pont de pierre de Barnard, et gagnèrent la rive opposée de la Tees. Se dirigeant vers l’orient, ils laissèrent bientôt les ruines d’Eglistone. Chacun d’eux, absorbé dans ses rêveries, marchait dans un morne silence. On pense bien que l’aspect de Bertram parut farouche et repoussant à Wilfrid. De son côté, le terrible Risingham ne pouvait que voir dans son compagnon un jeune homme timide et digne de sa pitié. Quel entretien auraient eu entre eux deux hommes si différens ?

V.

Bertram voulut éviter le chemin le plus court qui conduit à travers le parc et la forêt de Rokeby. Suivant les détours des collines, Wilfrid et lui traversèrent le pont antique de la Greta, au lieu où ses eaux, libres un moment, s’échappent des sombres bois de Brignal, et cherchent la vallée profonde de Mortham.

C’est là que, considérant le tertre élevé par cette légion encore illustre, dont l’autel votif éternise le titre de PIEUSE, VICTORIEUSE ET FIDÈLE, Wilfrid dit en soupirant : — O vous, enfans terribles de Mars, venez voir ce trophée de l’orgueil des Romains ! Que reste-t-il des travaux de ces fiers dominateurs ?… Un fossé à demi comblé, et les débris d’une pierre… Wilfrid prononça ces mots pour lui-même, pensant bien que toute réflexion morale serait perdue pour Bertram.

VI.

Un autre sentiment émut bientôt le cœur de Wilfrid