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BLE.

arides montagnes. Mais c’était surtout vers les côtes d’Angleterre qu’il trouvait un riche butin. Il avait tellement multiplié ses ravages, que si les insulaires apercevaient dans le lointain une voile inconnue, les clairons guerriers appelaient aux armes, les citoyens se hâtaient de fortifier leurs remparts, et les villageois fuyaient leurs sillons pour éviter la rage des pirates. Des signaux étaient allumés sur toutes les hauteurs ; le beffroi faisait retentir le son d’alarme, pendant que les moines épouvantés se mettaient en prières, et chantaient : — Préservez-nous, Vierge du ciel, des torrens et de l’incendie, de la peste, de la famine, et de la colère du comte Witikind.

III.

La riche Angleterre avait pour lui tant d’attraits, qu’il résolut d’en faire sa seconde patrie ; il entra dans le Humber, et débarqua avec tous ses Danois. Trois comtes vaillans vinrent le combattre ; les deux premiers furent ses prisonniers, le troisième resta sur le champ de bataille. Witikind abandonna les rives du Humber, et porta ses ravages dans le Northumberland. Le roi saxon, blanchi par la vieillesse, était faible dans les combats, mais sage dans les conseils. Il préféra obtenir la paix de ce païen si terrible, en lui envoyant des présens, et il acheta le. repos de ses sujets. Le comte consentit à prendre le titre de vassal du sceptre d’Angleterre.

IV.

Le temps rouille l’épée la mieux aiguisée ; le temps use le câble le plus fort ; il ne respecte pas davantage la vigueur des mortels. Parmi les Danois venus dans la Grande-Bretagne, sous les ordres de Witikind, les uns étaient d’un âge avancé, les autres n’étaient plus ; le comte lui même commençait à trouver son armure trop pesante ; les rides sillonnaient son front, et ses cheveux blanchirent. Il eut besoin de chercher l’appui d’un bâton on un coursier docile. Avec sa force il perdit sa férocité ; il fit