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jamais oublié ; et, le plaçant dans son cercle enchanté, l’isolait de toutes les réalités sévères, jusqu’à ce que le jeune enthousiaste ne vit plus ses rians mensonges que comme des vérités, et prit la vérité pour un rêve.

XXXI.

Malheur au jeune homme égaré qui refuse la main protectrice de la raison pour se laisser guider par l’imagination capricieuse ! Malheur à lui Il est digne d’une tendre pitié, car son cœur est bon et généreux. Malheur à ceux qui le conduisent et oublient de faire parler la voix de la vérité pour fortifier son âme quand il en est temps encore ! O vous qui êtes ses vrais amis ! apprenez-lui à juger du présent par le passé, rappelez-lui chacun de ses désirs, combien le trésor qu’il se promettait lui semblait riche et brillant, et combien la possession détrompa ses espérances. Dites-lui que l’imagination ne court qu’après des fantômes. Montrez-lui ce qui l’attend au but qu’il veut atteindre, le désappointement et le regret : l’un désenchante les yeux du jeune imprudent et dépouille le prix de ses travaux de tout ce qui l’avait séduit ; l’autre, au contraire, en rehausse l’éclat pour augmenter sa peine, s’il n’a pu obtenir ce qu’il poursuivait. Le vainqueur voit sa couronne d’or transformée en vil métal pendant que le vaincu déplore sa perte et regarde encore ce faux or comme une brillante récompense.

XXXII.

Hélas ! voyez la tour où gémit Wilfrid ; voyez la couche qui l’invite vainement au repos depuis le déclin du jour ; cette lampe dont la pâle et vacillante clarté se mêle avec la froide lumière de la lune, et surtout ce corps épuisé !… La rougeur de la fièvre se répand inégalement sur ses joues ; sa tête est tristement penchée, ses cheveux sont en désordre, ses membres refusent de le soutenir ; la douleur est peinte dans tous ses traits. Mais il lève les yeux… un sourire mélancolique ranime un moment son pâle visage ; c’est l’imagination qui réveille en lui quelque