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s : lui plaire n’était point une tâché aussi aisée pour un cœur qui n’osait ni espérer ni demander. Matilde cependant accordait à son esclave tout ce qu’on peut accorder par compassion, — l’estime, l’amitié, des égards, et la louange qui fut toujours la plus douce récompense du ménestrel. Elle lisait les vers qu’approuvait le goût de Wilfrid, chantait les ballades qu’il aimait ou que composait sa muse ; mais, regrettant de nourrir la flamme fatale d’un amour sans espoir, elle refusait parfois, dans un caprice bienveillant, l’accueil dû à l’amitié ; et soudain, plaignant la douleur de sa victime, elle lui rendait ses dangereux sourires.

XXVIII.

Telle était la destinée de Wilfrid lorsque la voix terrible de la guerre retentit dans la contrée. Trois bannières différentes flottèrent sur les rives de la Tees. Le serf les vit avec un noir pressentiment ; elles se réunissaient jadis pour s’opposer aux incursions des Écossais ; aujourd’hui les seigneurs et les vassaux se défient les uns des autres. Le chevalier de Rokeby sortit de son château, situé sur les rives de la Greta, et alla réunir ses soldats à ceux des valeureux comtes du nord qui s’armaient pour le roi Charles. Mortham son allié (car sa sœur, descendue il est vrai dans la tombe avant la guerre civile, avait été l’épouse de Rokeby), Philippe de Mortham marcha sous les ordres de Fairfax pendant que, d’accord avec l’artificieux Vane, mais moins prompt à courir aux champs de bataille, Wycliffe se fortifiait dans les remparts antiques de Barnard, qu’il occupait au nom des communes.

XXIX.

La belle héritière du chevalier de Rokeby attend dans son château l’évènement des combats. La guerre civile respectait tous ceux qui étaient sans appui, épargnant au milieu de ses fureurs l’enfance, le sexe et la vieillesse ; mais Wilfrid, fils de l’ennemi de Rokeby, doit cesser de se rendre à la faveur du crépuscule sur les bords de la

CHANT PREMIE