Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

iption des fêtes, la gaieté de Falstaff et les combats de Percy, pour méditer la morale de Jacques, pour rêver avec Hamlet et verser de douces larmes sur le malheur de Desdemone.

XXV.

Aucun des plaisirs chers à la jeunesse n’avait d’attraits pour Wilfrid. Il préférait aux coursiers, aux faucons et aux meutes bruyantes, les promenades paisibles sur les bords d’un ruisseau solitaire ou d’un lac silencieux ; il cherchait souvent les paysages de Deepdale, où l’on ne voit que des rochers, d’épais taillis et la voûte des cieux ; il gravissait les hauteurs escarpées de Catcastle ou les tours de Pendragon. C’est là que ses pensées s’égaraient dans les rêves fantastiques d’un amour fidèle ou d’un printemps éternel, jusqu’à ce que, les ailes fatiguées de la contemplation ne pouvant plus le soutenir, il se trouvât de nouveau sur la terre.

XXVI.

Il aimait — comme l’attestent maintes ballades chantées encore dans la vallée de Stanmore ; car il connaissait l’art des ménestrels, cet art que l’on ne peut enseigner ni apprendre… Il aimait… La nature avait formé son âme pour l’amour, et l’imagination entretenait sa flamme… Il aimait sans retour… car il est rare qu’un amant dont le cœur est si tendre fasse partager ses feux. Il aimait en silence ; tous ses regards exprimaient la passion, ses lèvres ne parlaient que d’amitié. Ainsi s’était écoulée sa vie rêveuse… jusqu’au jour où son père vit périr tous ses frères ; l’espoir de ses vieux ans. Wilfrid resta seul héritier du fruit de tous ses stratagèmes et de son avarice ; Wilfrid fut destiné à parcourir le labyrinthe obscur de l’ambition, sous les auspices de l’astucieux Oswald.

XVIII.

Oswald lui ordonne d’aimer et de courtiser la belle Matilde, héritière du chevalier de Rokeby. L’aimer était pour lui facile, Matilde était déjà la dame de ses pensée