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CHANT PREMIER. 3

rais trouver pour tromper le temps un charme irrésistible dans les vieux romans de la chevalerie errante, dans les légendes des nécromanciens et des fées, ou dans ces histoires orientales qui nous entretiennent des bons et des mauvais génies, de talismans et de rochers avec des ailes. Oui, voilà ce qui occupe mes loisirs ; je l’avoue, et je permets au goût de s’en indigner, et à la sage raison de se moquer de moi.

Souvent aussi, dans de semblables momens, des rimes que je ne cherche point viendront s’aligner d’elles-mêmes, et composer un récit romantique, brûlé plus tard sans regret, lorsqu’une occupation plus grave m’appelle. En voici un qui a survécu, et je puis dire fièrement qu’il ne demande pas le sourire de la critique, mais qu’il ne craint pas son regard dédaigneux. Mon conte peut bien servir à faire passer une heure : tout ce que mon livre demande, c’est que l’ennui daigne sourire en bâillant, quand il en sera à la dernière page.

3) CHANT PREMIER. 4) I.

Le comte Witikind était d’une race royale, et conduisait une armée de guerriers danois. Malheur aux royaumes où il abordait ! A sa voix, des flots de sang inondaient la terre. Les jeunes filles étaient enlevées et les prêtres égorgés ; les corbeaux et les loups venaient en foule se disputer les restes des cadavres. Quand il déployait sen étendard noir, la guerre précédait ses pas, les ruines marquaient son passage, et l’incendie des temples servait à guider les Danois jusque dans leurs vaisseaux.

II.

Le nom de Witikind était connu sur les rivages d’Irrlande ; les vents de la France avaient souvent déroulé ses bannières, et l’Écosse les avait aussi vues flotter sur ses

4 HAROLD L’INDOMPTA