Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/66

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porter à l’Océan le tribut de ses ondes, lui déclare la guerre, et précipite contre ses flots une mer rivale. Les vagues soulevées bondissent en mugissant, et lancent leur écume jusqu’aux cieux. Le pilote pâlit, et cherche en vain, à distinguer l’onde amère de celle du fleuve indompté. Tels nos bataillons se mêlent sur la plaine sanglante, et laissent la victoire indécise, jusqu’à ce que le terrible Rupert vienne fondre sur nous à la tête d’une troupe de vaillans auxiliaires, et fasse reculer nos républicains, malgré leur courage religieux. Que dirai-je de plus ? Le désordre se met dans nos rangs, et nos chefs ont cessé de vivre. Mille guerriers de leurs prêtres, avaient abandonné leurs campagnes, pour défendre les communes et l’évangile, et humilier le roi et les prélats, sont étendus sans vie sur la plaine ; ils. nagent dans les flots de leur sang, incapables désormais d’outrager le sceptre et la mitre. Tel était l’état de la bataille lorsque je suis parti.

XIV.

— Fatale nouvelle ! s’écrie Wycliffe : et, affectant le désespoir, il penche la tête sur son sein : mais une. étrange joie brille dans ses yeux, pour démentir sa feinte douleur. Fatale nouvelle !… N’as-tu pas dit que nos chefs ont perdu la vie, alors que leur secours était le plus nécessaire ? Achève ce malheureux récit, et dis-moi quels sont ceux qui ont succombé dans ce jour funeste, quels capitaines illustres ont acheté par leur mort une gloire immortelle. Si telle a été la fin de mon plus cruel ennemi, mes larmes couleront sur sa tombe justement honorée… Quoi donc ! point de réponse ?… Ami, tu sais quel est celui de notre armée qui est l’objet de toute ma haine, celui que tu ne pouvais voir toi-même sans courroux : pourquoi me laisser dans l’incertitude sur son sort ?

Bertram répond sans s’émouvoir : — Veux-tu savoir le sort d’un ami ou d’un ennemi ? demande-le-moi simplement et sans détour, et tu recevras la réponse franche