Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Allons, Bertram, parlons sans raillerie. Nous savons que l’ennemi s’avançait pour troubler les travaux de notre armée du nord, campée sur les remparts d’York. Tu étais avec le vaillant Fairfax, et tu n’as pu éviter le combat… Quelle en a été l’issue ?

XII.

— Vous voulez le récit du combat ? Je vais vous satisfaire. Nos bataillons se sont rencontrés dans la plaine de Marston ; les trompettes ont fait entendre leurs fanfares menaçantes ; dans les yeux de nos guerriers brillait l’ardeur la plus noble. Des deux côtés on se livre à de bruyantes clameurs ; les uns s’écriaient : Dieu et la bonne cause ! les autres : Dieu et le roi ! En vrais Anglais, les deux partis fondent l’un sur l’autre, sans espérer aucun prix de leur valeur, et risquant de tout perdre. J’aurais pu rire, si le temps me l’eût permis, du fanatisme de ces farouches soldats, qui combattaient pour la république et pour le roi. Les uns, pour le rêve du bien public, les autres, pour les honneurs et les distinctions, prodiguaient leur sang et leur vie, afin d’obtenir le titre de martyr ou de patriote. Si Bertram eût été le chef de ces bandes valeureuses, il n’eût point, en fanatique superstitieux, cherché l’Eldorado dans le ciel. C’est au Chili que j’aurais porté la guerre. Lima m’eût ouvert ses portes d’argent ; je serais entré triomphant dans le riche Mexique ; j’aurais ravagé les trésors du Pérou, et la gloire de Pizarre et de Cortez eût été éclipsée par celle de Bertram.

— Ami, ne cesseras-tu pas de t’écarter du sujet qui nous intéresse ; allons, quelle est la suite de ce combat ?

XIII.

— Je brille au moment où retentit le clairon belliqueux, et à la table des festins, quoique aucune belle n’ait jamais aimé jusqu’ici le cœur ou le visage sombre de Bertram… Mais je reprends mon récit : La bataille pouvait se comparer à la lutte de deux courans, lorsque l’Orénoque, dans son orgueilleux courroux, loin de