Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/64

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pour la soif de la gloire, et son orgueil aurait pris la vertu pour guide.

X.

Tel qu’il était, affranchi du frein de la conscience, souillé de vices grossiers et du carnage, Bertram avait encore une âme intrépide, qui savait prendre un noble essor, et s’élever au-dessus d’elle-même. Un coupable moins fier, un cœur moins hardi tremblait devant son terrible regard. Oswald le sentit, lorsqu’il essaya, mais en vain, par des détours adroits, d’amener son hôte à lui dire, sans qu’il le lui demandât, les nouvelles qu’il lui tardait d’apprendre. Le sujet sur lequel disserte sa bouche est bien étranger à celui qui intéresse son cœur. Bertram ne daigne pas s’apercevoir de sa peine secrète, et continue à lui répondre brièvement et en termes brusques ou, s’écartant lui-même du sujet, il se perd dans de vagues et bizarres digressions, pour forcer le châtelain confus à obtenir par une franche question une réponse directe.

XI.

Oswald parla quelque temps des communes, du Co-venant, des lois et de l’Église réformée… Mais le sourire dédaigneux de Bertram le força de changer de conversation.

— Y a-t-il eu une bataille ? demanda-t-il enfin en balbutiant. Un soldat tel que Bertram, renommé par ses exploits dans les climats lointains, n’a jamais abandonné l’armée la veille d’une action, il reste sous ses drapeaux jusqu’à ce que la victoire soit déclarée.

— Comment, répondit le guerrier, lorsque vous-même, Oswald Wycliffe, vous goûtez un tranquille repos dans ces tours que défendent les ondes de la Tees, trouverez-vous étrange que d’autres viennent partager votre asile, et disent adieu à des champs de bataille où les dangers, les fatigues et la mort sont les seuls fruits que la guerre civile permette de cueillir ?