Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/63

Cette page n’a pas encore été corrigée

r les nouvelles secrètes qu’il apporte. Son silence témoigne que son cœur flotte entre la crainte et la honte.

VIII.

L’aspect de l’étranger est bien fait pour justifier la crainte et le soupçon. Un climat brûlant et de longues fatigues ont devancé sur son visage les ravages du temps ; des rides sillonnent son front ; ses tempes sont dépouillées de cheveux, et ceux qui lui restent commencent à blanchir. Mais on remarque encore en lui ce que les années peuvent seules faire disparaître, l’orgueil de son sourire, le feu de son regard, cette contraction des lèvres qui exprime le dédain, et un air terrible et menaçant. Jamais ses lèvres n’ont pâli ; jamais une larme n’a éteint dans ses yeux cette audace qui inspire la crainte et défie la douleur. Familiarisé avec le danger sous toutes les formes, il a vu la mort s’offrir à lui dans les tempêtes et les tremblemens de terre, dans les combats, les fléaux dévastateurs, les tortures lentes des supplices, sur la brèche, et dans les mines souterraines ; il a toujours su la braver avec mépris.

IX.

Cependant, si le farouche Bertram peut, sans émotion, affronter le danger et voir couler le sang, il y a quelque chose de plus que le sang-froid sur ce front basané et ces traits endurcis des passions criminelles y ont laissé leurs traces durables. Tout ce qui prête une espèce d’attrait aux erreurs du premier âge, la gaieté et l’abandon de la folie se sont évanouis avec la jeunesse de Bertram, et les semences du vice sont restées en lui, dépouillées de leurs fleurs. Si le sol dans lequel ces semences ont été nourries avait reçu dans le printemps de sa vie le bienfait d’une douce culture, il aurait eu assez de vigueur pour produire des fruits moins amers. Non que le cœur de Bertram eût jamais connu des sentimens tendres ; mais sa prodigalité eût été changée en bienfaisance, sa soif de l’or, qu’il ne désirait tant que pour le dissiper, eût été oubliée