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III.

Les angoisses secrètes d’Oswald se peignent sur son visage en traits aussi fugitifs et non moins sinistres que les ombres que projettent les nuages sur la surface de la Tees. On y eût distingué la rougeur subite de la honte et le feu plus concentré de la fureur, pendant que la main frémissante du châtelain endormi semblait saisir une dague ou une épée. Bientôt son sein oppressé laisse échapper un soupir, une larme mouille ses paupières entr’ouvertes, et la pâleur livide de son front achève d’exprimer la douleur qui le dévore. Un tressaillement soudain glace son sang dans ses veines ; la contraction de ses lèvres, des menaces à demi articulées, annoncent que la terreur a succédé aux regrets. Cette dernière transe interrompt le sommeil d’Oswald ; il se réveille en sursaut.

IV.

Il se réveille et n’ose plus fermer les yeux, dans la crainte d’un sommeil aussi terrible. — Il va regarder la lampe, écoute l’airain qui répète les heures, le cri nocturne du hibou et la voix mélancolique de la brise ; parfois il entend les chants guerriers que répète la sentinelle, pour charmer le temps de la garde, et il envie le sort du pauvre soldat qui, à la pointe du jour, ira trouver, sur son lit de paille, le paisible sommeil de l’enfance exempte de soucis.

V.

Le bruit lointain du galop rapide d’un coursier vient frapper l’oreille d’Oswald ; il abandonne aussitôt sa couche : la vengeance et la terreur pouvaient seules lui faire distinguer un son qui ne réveillait encore aucun écho des alentours du château. Mais déjà ce bruit s’approche : Oswald entend la voix de la sentinelle qui interroge le cavalier ; les chaînes retentissantes annoncent que le pont-levis s’abaisse ; on parle dans la cour, et des torches précèdent l’étranger du côté de l’appartement du châtelain : — Ce sont des nouvelles importantes de l’armée, s’écrie-t-