Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/6

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE.

deuses, à qui un père sévère ou une tante plus rigide encore, défendent d’aller au bal, ou à un spectacle curieux, pendant que toutes vos amies préparent près de vous leurs parures éblouissantes !

Ennui ! ou Spleen, comme t’appelaient nos pères ! combien d’inventions ingénieuses nous te devons : les cartes, l’ivoire roulant du billard, les dés bruyans, et l’art du tour. Tu : peux réclamer encore maints jeux savans et autres bagatelles sérieuses, et peut-être cette machine pneumatique, terreur des grenouilles et des rats. (Que de meurtres déguisés sous un nom philosophique !)

Quel poète pourrait compter tous les livres compilés pour attirer tes regards indifférens ! Que de pièces de théâtre, de poèmes, de romans, qu’on n’a jamais lus qu’une fois !... Mais je ne mets point de ce nombre le conte auquel l’aimable Edgeworth a donné ton nom, et qui est ton antidote... j’en excepte aussi les vers de Thomson, ce rêve poétique dans lequel il célébra l’indolence. Puissent mes chants être un jour admis parmi ces heureuses inspirations de la muse 1.

Chacun a son refuge préféré, quand l’ennui l’assiège pour moi, j’aime à entretenir mon feu poétique, en lisant par oisiveté une nouvelle chevaleresque. Je m’étends avec nonchalance sur mon sofa, jusqu’à ce que la lampe qui m’éclaire s’obscurcisse, et qu’un sommeil douteux vienne suppléer au reste de l’histoire. Alors d’antiques paladins et de farouches péans, de tendres damoiselles et des nains farfadets, m’apparaissent en long cortège, et le conte du romancier devient le songe du lecteur.

C’est ainsi que je parviendrais à supporter partout la maladie de l’ennui. Serais-je condamné, comme le Paridel de Pope, à demeurer sur un fauteuil trop mou, je sau-

(1) Allusion à l’Ennui, par miss Edge Worth, et au Palais de l’Indolence, par Thomson = En.