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TABLE

XIII.

Que trouve le comte Harold dans ce château où il a passé la nuit ?... l’ange du mal sous la forme du dieu qu’adorent les Scandinaves. C’est Odin lui-même : les dépouilles de l’ours du Nord lui servent de manteau ; un météore brille sur sa tête comme un panache menaçant, moins terrible toutefois que l’éclair que lance son regard. Sa taille est égale à celle de la statue de pierre qui orne l’autel d’Upsal. Une barbe blanche ombrage son menton ; sa main tient sa lance faite avec le tronc d’un pin ; il se couvre de son épais bouclier. L’accent de sa voix a quelque chose de sombre et de solennel ; il s’adresse au fils de Witikind, en retenant toujours le jeune page.

XIV.

— Harold, dit-il, quel délire est le tien, de déserter le culte de tes pères, et de renoncer au dieu des héros ? C’est de moi que vient la gloire ou la honte ; je préside à la chasse et aux combats ; un froncement de mes sourcils anéantit les armées. Renonceras-tu donc aussi à ce banquet, on ont été admis tant de guerriers de ta race, Eric et le fier Thorarine, dont les exploits ne seront jamais oubliés ? C’est moi seul qui donne la récompense pour laquelle vivent les fils de la valeur,… la victoire et la vengeance... C’est moi seul qui donne la félicité pour laquelle ils bravent le trépas. C’est dans mon palais que l’on sert l’immortel breuvage dans le crâne d’un ennemi. Harold, tu m’appartiens ; j’en atteste ce gantelet, gage de la fidélité qu’un vassal doit à son seigneur.

XV.

— Génie du mal, répond Harold avec assurance, je te somme de fuir de ces lieux ; qui que tu sois, je te défie. Je saurai me rendre maître de la fureur que tes paroles ont réveillée dans mon âme ; tu ne me raviras ni mon gantelet, ni mon bouclier, ni ma lance… Laisse ce jeune page, et disparais.

— Eivir m’appartient, reprit le spectre ; elle a été

CHANT SIXIEM