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TABLE.

IX.

Le comte Harold parut, à son réveil, un homme différent de lui-même : ses yeux étaient troublés son front offrait les traces d’une surprise mêlée de terreur. — Lève-toi, mon page, s’écria-t-il ; sortons de ce lieu ! Il ne reprit la parole que lorsqu’ils eurent franchi la porte du château. Ce fut là qu’il s’arrêta, et qu’il dit à Gunnar : — Mes mœurs farouches ont réveillé les morts et troublé le saint repos de la tombe. Il m’a semblé, cette nuit, que j’étais sur le cratère sublime de l’Hécla, et que je pouvais parcourir des yeux les gouffres.enflammés de l’enfer. Auprès de moi passaient les âmes des morts, que les démons conduisaient dans ce fatal séjour avec d’affreux hurlemens. Mes yeux se sont troublés, ma tête s’est égarée en voyant ces ministres des éternels supplices entraîner ces malheureux qui avaient été naguère des hommes.

X.

— J’ai reconnu la sorcière Jutta à ses yeux hagards, à ses cheveux en désordre, et auprès d’elle Wulfstane, qui a péri ma victime, et qui était encore couvert de sanglantes meurtrissures. J’en aurais vu davantage, s’il ne s’était élevé un ouragan terrible qui a bouleversé les neiges. J’ai entendu le même bruit que produit un guerrier qui précipite le pas de son palefroi ; et trois chevaliers armés ont paru menant un coursier noir complètement enharnaché. Le feu étincelait à travers leurs visières baissées. Le premier a dit : — Harold l’indomptable, sois le bienvenu ! Le second : — Victoire ! le fils du comte Witikind est à nous ! Et le troisième, m’adressant la parole, m’a ordonné de mettre le pied à l’étrier, au nom de Zernebock. — C’est à nous, ô Harold, a-t-il ajouté ; c’est à nous que tu dois ta force et ton audace. Vassal de l’enfer, ne pense pas à résister à l’enfer.

— Le fantôme disait vrai ; mon âme obéissait comme malgré elle à cette voix d’autorité qu’elle semblait reconnaître comme le çaptif devine le son lugubre de la cloche