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CHANT SIXIÈME. 47

ménestrel, ô Gunnar, de me citer l’exemple d’une seule femme sincère dans son amour, et qui n’ait jamais trahi sa foi.

VII.

Le page sourit et soupire en même temps.

Il essuie une larme qui était tombée sur sa joue, et dit : — Je craindrais de ne pas célébrer dignement un tel sujet, à moins que ce ne fût mon chant de mort ; car nos scaldes prétendent qu’à notre dernière heure la harpe du Nord a une harmonie céleste. Oui, je pourrais vanter l’amour d’une femme qui brava le danger, le mépris et le trépas. Sa fidélité fut inébranlable : elle avait la pureté du diamant. Son amour fut inconnu, et ne reçut pas le retour qu’il méritait ; mais sa constance sut supporter tout : errante de climat en climat, elle suivit un guerrier à travers les privations, les dangers et les malheurs.... Quelle récompense demanda-t-elle ? aucune... excepté une pierre funéraire qui fit enfin connaître son secret. Voilà de quoi une femme fut capable... Il est vrai qu’Eivir était une fille du Nord.

VIII.

Tu es bien enthousiasmé pour cette vierge danoise ? dit le comte Harold. Cependant, mon cher Gunnar, j’avouerai qu’elle était digne d’être aimée et admirée ! Mais Eivir dort dans son tombeau ; et où trouver aujourd’hui une amante comme elle ? Quelle femme aurait autant de constance pour celui qu’elle aimerait, que tu en as montré à ton maître ?... Mais couche-toi, mon page fidèle... L’ombre de la nuit devient plus sombre... Ne tremble pas parce que tu as des morts auprès de toi. Ils furent ce que nous sommes ; après quelques jours de vie nous serons comme eux. Cependant, Gunnar, repose-toi à mon côté sur mon manteau, afin de te rassurer en pensant que tu dors auprès d’Harold.

Ils dormirent dans ce fatal château jusqu’à ce que l’aurore vint les réveiller.

48 HAROLD L’INDOMP