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V.

Dans chaque appartement un rideau de pourpre, semblable à un crêpe funèbre, dérobait la vue de l’alcôve, et sur chaque lit étaient des ossemens hideux. A l’entour, on rencontrait des costumes barbares, des vestes brodées d’or, des colliers en pierres précieuses, et des diadèmes tels que ceux dont les anciens souverains ornaient leurs fronts ; mais les têtes blanchies de ceux qui les portaient jadis étaient couvertes de poussière comme leurs vaines couronnes.

C’étaient les dépouilles mortelles de ces mêmes princes qui, ivres de vin et de plaisir, s’étaient endormis, il y avait deux siècles, sur le sein de ces fiancées, dont la feinte pudeur fut changée en soif de sang avant le lever de l’aurore.

Le bonheur et le malheur sont tellement unis dans les fils fragiles de l’existence, que jusqu’à ce que les ciseaux du destin aient déchiré le tissu, on ne peut les séparer ni juger de l’heure qui va suivre, par l’heure qui a précédé.

VI.

Mais le septième appartement, qui avait été témoin de la vengeance d’Adolphe, offrait un spectacle encore plus horrible. C’était là que l’on trouvait les squelettes des sept magiciennes, encore dans la position où elles reçurent la mort. L’une avait été étendue d’un seul coup, on devinait aune autre avait long-temps lutté contre l’agonie. Là, une main tenait encore un poignard comme pour se défendre ; ici, une des sœurs semblait demander grâce sur ses genoux décharnés ; il y en avait une autre qui était tombée devant la porte, comme si elle eût été tuée en fuyant.

Le farouche chevalier sourit à l’aspect de ces cadavres, car il se souvint avec dépit de Metelill. — Juste vengeance, s’écria-t-il, de la perfidie des femmes, ces créatures aussi changeantes que l’air, aussi légères que la vapeur du matin ! Le mal est venu dans ce monde par la femme, disent les prêtres des chrétiens. Je défie ta science de