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CHANT CINQUIÈME. 41

le séjour des morts ; son démon lui avait dit ce matin : — Si avant le coucher du soleil l’hymen a uni William et Metelill, le terrible Danois ne pourra plus nuire aux jeunes époux. La vieille disait donc : — Harold n’est plus : que son âme ne goûte qu’un repos troublé ! que la mandragore et l’ivraie prennent racine dans sa tombe ; que les songes du désespoir le poursuivent dans le sommeil de la mort, et que son réveil soit plus horrible encore au dernier jour du monde !

XIV.

Mais c’est lorsque la joie est le plus vive, que le chagrin et l’infortune ne sont pas loin, disent les sages. Défiez-vous alors de la terreur avec son frisson, et du danger perfide. On risque de les rencontrer partout et ils ressemblent aux serpens qui se cachent de préférence sous le gazon où fleurit la primevère. C’est ainsi que le cortège de ce joyeux hyménée trouva Harold sur son passage. Frémissant de fureur, le chevalier poussa un cri, qui fut comme l’arrêt de mort prononcé sur la tête de tous ceux qui s’avançaient sous les auspices du bonheur. Ses victimes ne peuvent voir l’éclair que jettent ses yeux, le mouvement convulsif de ses traits, et ses lèvres qui écument comme celles du sanglier harcelé par une meute ; mais chacun prend la fuite en voyant le fragment que son bras robuste vient d’arracher aux flancs du rocher, et dont il menace d’écraser ceux qui oseraient l’attendre.

XV.

Chacun fuit ; deux ennemis cependant se préparent au combat. Lord William, étranger à la peur, tire son épée ; Wulfstane tend son arc fatal ; mais, avant qu’il en eût lâché la corde, le quartier de roche vole dans l’air, comme s’il eût été Iancé par le feu de l’Hécla, et tombe sur le front du téméraire chasseur. Tout ce qui avait tout à l’heure en lui la forme humaine a cessé d’exister ; il ne reste de Wulfstane qu’un cadavre défiguré, à demi enseveli sous la pierre sanglante.

42 HAROLD L’INDOMPTABLE.