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BLE.

liqueur qu’il contient suffisaient pour rendre la vie au guerrier expirant ; pour la première fois Harold aura demandé le suc d’une fleur afin de ranimer ses forces et son courage ! — Le page lui donna le flacon que Walwayn avait rempli d’un poison inventé par son art. L’effet en était si fatal, qu’une goutte produisait le délire, et deux gouttes la mort. Harold allait l’approcher de ses lèvres, lorsqu’une musique et des clameurs joyeuses retentirent sur le coteau ; il aperçoit dans le vallon la pompe d’un hyménée, et il entend répéter plusieurs fois : — Heureuse soit la belle Metelill !

XII.

Harold pouvait reconnaître du lieu où il était tous ceux qu’animaient le plaisir et les sons de l’harmonie. Les uns accompagnaient à cheval les deux époux, et les autres, à pied, mesuraient tous leurs pas par la douce cadence de la musique nuptiale. Tous répétaient en chœur les refrains des chants du bonheur, et les échos semblaient se plaire à y mêler aussi la sauvage harmonie qu’on entend dans les cavernes souterraines et les vallées profondes.

XIII.

A travers la joie qui enivre tous ceux qui font partie de cette fête, on peut remarquer les différentes passions qui les agitent : de même que le feu élémentaire se nourrit également d’une pure essence et des ronces sauvages, — douce ou impétueuse, la joie adopte la couleur de l’âme. Aimable, pure et franche dans le généreux fiancé, elle avait à combattre la crainte dans la jeune vierge ; mais elle brillait à travers la larme de la pudeur, qui embellit les joues de la beauté timide comme une goutte de pluie ajoute encore un charme de plus à la rose. Le sombre sourire de Wulfstane exprimait la satisfaction de son avarice ; on lisait, dans les yeux de Jutta, le triomphe de la vengeance et de la méchanceté.

La sorcière n’ignorant pas la dangereuse aventure où courait Harold, le regardait déjà comme descend