Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/42

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LE.

VI.

— Silence dit tout-à-coup Harold avec un accent qui marquait la surprise mêlée d’une légère crainte ; silence ; nous ne sommes pas seuls ici le fantôme du pèlerin s’approche ; je reconnais à son capuchon et à son manteau celui qui m’a déjà d’eux fois apparu pour me faire entendre de téméraires reproches. Observe-le attentivement, Gunnar, auprès de cet arbre brûlé par l’orage… Regarde... Tu ne pus le voir lorsqu’il se montra à mes yeux dans la vallée du Jourdain, ni sur les rochers de Céphalonie où sa présence fut suivie d’un si terrible orage ; aujourd’hui, le vois-tu ? — Le page, troublé par la terreur, répondit : — Je ne vois rien, si ce n’est l’ombre que projettent sur le sentier les rameaux desséchés du chêne, dont elle suit les mouvemens, semblable à la robe flottante d’un pèlerin.

VII.

Harold contemplait le chêne sans détourner un seul instant les yeux ; il s’ééria enfin avec assurance : — Advienne ce qu’il pourra, fantôme menaçant, ni le ciel ni l’enfer ne pourront dire qu’Harold se soit laissé intimider par leurs ombres. Je lui parlerai ; quoique ces accens me causent ce frémissement que les âmes vulgaires appellent la crainte, je saurai la braver. Harold s’avance à grands pas, s’arrête sous l’ombre du chêne, et croisant ses bras sur son cœur, il dit : — Parle, je t’écoute.

VIII.

Une voix fit entendre ces paroles : — Chevalier farouche et indomptable dans tes fureurs, quand connaitras-tu donc le repentir ? Jusques à quand le bruit de tes pas troublera-t-il le sommeil des morts ?... Oui, chacun de tes pas réveille l’habitant de la tombe et fait pousser des cris de triomphe aux démons du carnage et de la vengeance. Il est temps que tu te tournes vers le ciel. La vie est courte, et l’heure du jugement n’est pas éloignée.

IX.

Le descendant d’Odin répondit, flottant entre son or-